Les humains virtuels au service de la médecine du sommeil
Rédigé par Jérôme OLIVE - 16 mars 2015
La Somnolence Diurne Excessive (SDE) touche 10% de nos concitoyens avec des conséquences médico-économiques très importantes. Pour diagnostiquer ce symptôme, l'équipe de P. Philip de l’unité Sommeil, attention et neuropsychiatrie a un nouveau collaborateur virtuel. Cet « Agent Conversationnel Animé » est capable d'échanger avec un patient selon un schéma d'entretien structuré et d'émettre des indications diagnostiques pour le médecin et son patient. Les résultats de cette étude publiés dans la revue Presence: Teleoperators and Virtual Environments, sont très prometteurs pour le développement d'humains virtuels dans le champ de la santé.
Les troubles du sommeil touchent 15 à 20 % de nos concitoyens avec des conséquences médico-économiques très importantes. La somnolence diurne est, en particulier, responsable de nombreux accidents et son dépistage est un enjeu de santé publique majeur. Le développement des outils de réalité virtuelle appliquée au champ médical est en pleine expansion et vise à créer des outils accessibles à la fois pour le patient et le médecin afin d’améliorer la prise en charge des pathologies.
Les agents conversationnels animés sont des logiciels issus de l’informatique émotionnelle (Affective Computing) qui ont été utilisés dans les interactions homme-machine mais jusqu’à maintenant ce type de logiciel n’avait pas été appliqué au champ de la médecine du sommeil.
L’équipe de P. Philip a créé un agent conversationnel animé capable de conduire un entretien médical permettant de diagnostiquer la somnolence diurne excessive sur les bases d’une échelle validée de mesure de cette somnolence (Epworth Spleepiness Scale).
Trente-deux patients et 32 sujets sains ont participé à un entretien médical avec un médecin spécialiste du sommeil afin de compléter l’échelle de somnolence. Ils ont ensuite eu un entretien avec l’agent conversationnel animé pour compléter de façon identique la même échelle de somnolence. Ces travaux montrent une corrélation très significative entre les scores mesurés par l’agent conversationnel animé et le score mesuré par le spécialiste du sommeil. La majorité des sujets testés ont considéré que l’échange avec l’agent conversationnel animé était de nature plaisante. 65 % des participants ont considéré que ce médecin virtuel pouvait amener une aide significative au médecin réel dans la prise en charge des pathologies du sommeil.
Ces résultats, qui sont une première dans le dépistage des troubles du sommeil, ouvrent des perspectives nouvelles très intéressantes dans l’usage des humains virtuels dans la prise en charge médicale.
L’accroissement attendu des plaintes de sommeil dans un futur proche lié au vieillissement des populations et aux modifications des rythmes de vie, donne à penser que les agents conversationnels animés seront un élément clé du dispositif de prise en charge des pathologies du sommeil.
Figure : Un entretien entre le médecin virtuel et son patient. © J. Olive
Article en Open-Access : http://www.mitpressjournals.org/doi/abs/10.1162/PRES_a_00197
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